Le tribunal correctionnel lyonnais a statué début septembre dernier sur une affaire d’espionnage impliquant un ex-responsable de la région auvergne-rhônalpine. Un ancien directeur des DSI (systèmes d’information) de la collectivité a été condamné à des peines d’amende et d’emprisonnement. Il avait espionné en 2016 les courriers électroniques d’un syndicat local, le SUD.
Le parquet lyonnais a suspecté Benoît Dehais, ingénieur actuellement en poste en Occitanie, d’avoir créé fin 2015 un dispositif d’espionnage. Ceci visant des élus et des fonctionnaires. Sur la base de ce soupçon, le ministère public a alors saisi le tribunal correctionnel, qui vient de trancher l’affaire.
Remarque : les cas de cyber-espionnage se sont multipliés ces dernières années. Pour mieux se protéger face à ces activités malveillantes, les organisations doivent renforcer régulièrement leur sécurité. Elles peuvent faire appel à des consultants en portage salarial informatique pour les aider dans cette optique. Il s’agit d’un mécanisme permettant aux freelances d’obtenir les avantages des employés classiques (assurance chômage, retraite, prévoyance, etc.).
Le condamné avait suspecté des fuites de renseignements dans la presse
Les faits reprochés à Benoît Dehais remontent en 2016, à l’époque où il travaillait comme DSI de la Région Auvergne-Rhône-Alpes. Le 2 septembre 2022, le tribunal correctionnel de Lyon l’a déclaré coupable :
● D’être entré et resté sans autorisation dans un système de traitement automatisé d’informations ;
● D’avoir porté atteinte à la confidentialité des échanges par un agent chargé de service.
Hélène Descout, la procureure de la République, avait déclaré en mai dernier à l’audience :
On est en face de quelque chose de complètement opaque.
L’inculpé, lui, avait nié avoir eu l’intention de surveiller le contenu des messages des élus ou fonctionnaires à leur insu. Benoît Dehais avait affirmé que l’accès aux messageries avait été instauré pour des objectifs de contrôle d’audit. Il avait de ce fait contesté toute idée d’intrusion dans les contenus. D’après lui, son chef lui avait ordonné de rechercher les sources d’où provenaient les fuites dans les médias. Me Frédéric Doyez, son avocat, qui a formulé un appel contre le verdict le 2 septembre dernier, a soutenu :
Rien n'indique qu'il l'a fait en dehors d'une demande de ses supérieurs.
L’accusé avait utilisé un mot clé pour filtrer des mails
L’ancien directeur général des services de la région auvergne-rhônalpine a comparu en tant que témoin devant le tribunal. Il avait déclaré durant son audition n’avoir émis aucune instruction pour réaliser des recherches dans les courriels de la collectivité. Selon lui, les motifs relevaient de l’aspect technique.
Cet espionnage s’est dévoilé lorsque le syndicat SUD a décidé de faire reparamétrer sa boîte de courrier électronique. Les messages examinés par les enquêteurs ont révélé que Benoît Dehais avait sollicité le prestataire informatique ainsi que son département. Ceci pour l’aider à trouver le mot clé « dangele ».
Concrètement, l’ancien DSI de la région Auvergne-Rhône-Alpes voulait identifier les fuites en direction des Potins d’Angèle. Un ancien hebdomadaire spécialisé dans la satire qui était basé dans la capitale des Gaules. Celui-ci enchaînait à l’époque les divulgations d’informations sur la fin de mandat de Jean-Jack Queyranne, l’ex-président du conseil régional.
Conformément aux réquisitions du ministère public, les juges ont prononcé contre Benoît Dehais :
● Une amende de 5 000 euros ;
● Une réclusion avec sursis de six mois.
Ils ont par ailleurs octroyé un euro symbolique à SUD, qui a découvert l’acte illicite. Le tribunal a également accordé des dommages et intérêts de 1 000 euros à la partie civile, la région Auvergne-Rhône-Alpes.