Crédit Suisse se fait racheter au tiers de son prix par son concurrent UBS. Ce rachat est assuré par le gouvernement suisse et la Banque Centrale. Cette solution permettrait d’éviter une crise économique qui s’étendrait hors des frontières de la Suisse. Pourtant, l’entente pourrait fragiliser le marché boursier, car plusieurs banques ont vu leur action baisser par la suite.
Depuis 2 ans, Crédit Suisse n’accumule que les échecs. De ce fait, la banque n’arrive plus à obtenir les liquidités dont elle a besoin. La première tentative du gouvernement était la mobilisation de 50 milliards de francs suisses pour l’établissement. Pourtant, seul un répit de courte durée en a découlé.
Par conséquent, UBS a pu acquérir Crédit Suisse au rabais. Ce rachat serait dû à l’instabilité récente de la bourse. Pourtant, cette entente ne semble pas bénéfique pour UBS qui voit son action à Zurich chuter de 11,9 %. Cette situation n’angoisse pas uniquement les créanciers, mais aussi les clients, les banques et les travailleurs en portage salarial.
Les grandes lignes de ce « sauvetage »
Les actionnaires en bourse sont moins enclins à mobiliser des sommes importantes en raison des faillites bancaires en Amérique. Ce sont notamment une multitude de banques régionales ainsi que la Silicon Valley Bank. De ce fait, en Europe, plusieurs banques perdent leur capacité à obtenir de la liquidité. Crédit Suisse est d’ailleurs en tête de liste. En ce sens, la solution de rachat par UBS permet d’éviter l’impact économique qu’aurait pu entrainer la faillite de Crédit Suisse. Pour la présidente de la BCE, Christine Lagarde, cette alternative a permis de « contribuer à rétablir des conditions de marché ordonnées. »
D’autre part, pour rassurer UBS, le gouvernement propose une assurance à 9 milliards de francs suisses. Cette somme permettrait à l’établissement acheteur de rester couvert si une anomalie est décelée dans les portefeuilles de Crédit Suisse. De plus, la Banque Centrale a donné une ligne de liquidités de 100 milliards CHF aux deux entités. Il est également important de noter que UBS a demandé une décote de 60 % sur le prix proposé par Crédit Suisse.
Malgré ces différentes sommes, le retour sur investissement de l’UBS reste incertain. La banque serait même en déclin depuis ce rachat. Pourtant, son président reste confiant et assure que ce bénéfice dilutif est causé par l’indisponibilité temporaire de l’achat d’actions.
Les conséquences sur les autres banques
Nombreuses sont les banques qui voient leurs chiffres baisser suite à cette entente entre les géants suisses. En Allemagne :
- La Deutsche Bank perd 6,7 %,
- La Société Générale chute de 4,5 %,
- Et la BNP Paribas de Paris s’écroule de 3,5 %.
Cet achat de Crédit Suisse par UBS a également impacté la BCE, le Trésor américain et Londres. Toutes ces entités appréhendent le fait que l’association de ces deux banques pourrait déstabiliser le marché.
Par ailleurs, l’accord entre ces deux établissements financiers suisses est passé outre la hiérarchie créanciers-actionnaires. Celle-ci considère que les premiers doivent être remboursés avant les seconds.
Pour le directeur des investissements de Syz, Charles-Henry Monchau les répercutions de cette entente est problématique, « le fait que les détenteurs d’actions obtiennent quelque chose et que les détenteurs d’obligations CoCo n’obtiennent rien soulève de sérieuses questions quant à la valeur réelle des obligations CoCo. »
Les CoCo sont des créances porteuses d’obligations AT1 du groupe crédit Suisse. Concrètement, ce sigle s’apparente à contingent convertible bonds. L’enjeu étant qu’en dessous d’un seuil fixé du capital, ces titres sont convertis en action.