Le régulateur britannique des banques a accusé le géant espagnol Santander d’avoir manqué gravement à ses responsabilités anti-blanchiment d’argent. Du fait d’une mauvaise gestion de sa part, l’origine de centaines de millions de livres aurait été dissimulée. Comme d’autres établissements en 2021, la société s’est en conséquence vu attribuer une amende.
Outre-Manche, plusieurs banques ont depuis l’an passé été lourdement sanctionnées pour supervisions déficientes dans la lutte contre le blanchiment d’argent. Le 13 décembre 2021, un tribunal anglais a imposé à NatWest une amende d’environ 265 millions de livres. Ceci dans un procès sur un dépôt en liquide de centaines de millions de livres par l’un de ses affiliés.
Quatre jours après, HSBC, chez qui les consultants finance en freelance peuvent chercher des missions, a aussi écopé d’une amende. L’Autorité de conduite financière (FCA) l’a condamnée au paiement de 63,9 millions de livres. Elle lui reproche des lacunes dans des vérifications anti-blanchiment.
Des défauts de contrôles anti-blanchiment ont été relevés
Le 9 décembre dernier, le régulateur britannique a aussi imposé à Santander une amende équivalant à 125 millions d’euros. Pour cause, la banque aurait commis des manquements graves et continus dans ses contrôles contre le blanchiment d’argent. Initialement, la note a été fixée à 30 % plus haut. Mais la société a approuvé les conclusions de la FCA qui l’a, de ce fait, diminuée.
Une analyste chez Hargreaves Lansdown, Sophie Lund-Yates, a commenté que ce type de violations effraie les banques. En plus de l’amende, elles redoutent les dégâts pour leur image. L’experte pense que le gendarme financier, mais aussi les affiliés, n’accepteront vraisemblablement pas d’autre incident semblable à l’avenir.
Le patron de l’antenne britannique de Santander, Mike Regnier, s’est exprimé sur l’affaire dans un communiqué. D’après lui, l’entreprise attache énormément d’importance à ses responsabilités sur le plan de la criminalité financière. Il a ainsi présenté des excuses aux clients. Le dirigeant a poursuivi qu'ils ont depuis mené des modifications d'envergure pour les résoudre en :
Réformant notre technologie, nos systèmes et nos processus de lutte contre la criminalité financière.
Il a souligné qu’au moins 4 400 de ses collaborateurs s’attèlent dorénavant à la prévention de la criminalité financière.
Un risque sérieux de criminalité financière est apparu
Selon un communiqué du directeur exécutif de l'application et de la surveillance du marché à la FCA, Mark Steward :
La mauvaise gestion par Santander de ses systèmes de lutte contre le blanchiment d'argent et ses tentatives inadéquates pour résoudre les problèmes ont créé un risque prolongé et grave de blanchiment d'argent et de criminalité financière.
Les faits imputés à l’établissement remontent entre le 31 décembre 2012 et le 18 octobre 2017. Le gendarme a précisé que dans cet intervalle, elle a manqué à :
- Examiner convenablement la véracité des données que ses clients professionnels ont transmises ;
- Vérifier la conformité des sommes déposées.
Le cas d’une société de traduction a par exemple été évoqué. L’entreprise a ouvert un compte avec des dépôts de 5 000 livres par mois. En moins d’un semestre, elle s’est ensuite fait transférer des millions qui ont rapidement été virés sur d’autres comptes. Les équipes de supervision de blanchiment de Santander ont bien suggéré la fermeture du compte en mars 2014. Celui-ci est en revanche demeuré ouvert jusqu’en 2016, accuse le régulateur.
La FCA révèle avoir découvert de nombreux autres comptes ainsi exposés à un immense risque de blanchiment d’argent. Au total, environ 300 millions de livres y ont passé avant leur suppression.