La filière de la comptabilité affiche d’immenses besoins en recrutement. Elle souffre pourtant de la pénurie de candidats également constatée dans différentes branches d’activité. En témoignent par exemple les milliers de postes vacants rien que dans la région francilienne. Les jeunes en particulier hésitent à se lancer dans ce domaine.
Le besoin en comptables s’accentue sans cesse au sein des entreprises. Ces dernières font davantage appel à des agences d’expertise y afférentes. Les impacts se font ressentir sur le marché du travail.
Le secteur employait 117 000 individus en 2000. En 2020, il en rassemblait 155 000. Ce chiffre grimpera même à 165 000 en 2025. Dans trois ans, la filière devra avoir recruté 30 000 nouvelles personnes. Des collaborateurs partiront en effet à la retraite d’ici là et 13 000 nouveaux postes seront générés. Cette prévision a pour source l’Observatoire des métiers de l’expertise comptable, du commissariat aux comptes et de l’audit (Omeca). Elle devrait profiter aux consultants finance.
Un secteur en tension depuis une décennie
Les professions de la comptabilité ont enregistré en juillet-septembre 2022 le plus grand nombre d’annonces de recrutement diffusées. Adecco-Analytics évoque dans un rapport une augmentation de +62 % en glissement annuel. Dans les détails, environ 133 500 offres sont adressées aux experts-comptables, auditeurs, gestionnaires, etc. D’après la présidente de l’Ordre des experts-comptables de l’Île-de-France, Virginie Roitman, plusieurs postes dédiés sont inoccupés dans la collectivité. L’on en dénombre 10 000, précise-t-elle.
Le Figaro a interrogé la responsable sur les raisons de cette dynamique. Elle a répondu que tous les métiers souffrent d’un manque de talents, mais ceux de la comptabilité l’endurent depuis 2012. La dirigeante a ajouté qu’aucune région n’est épargnée par le problème. Avec l’apparition des robots comptables qui ont contribué à l’automatisation de certaines opérations, poursuit-elle :
Il y a quelques années, on prédisait la mort des experts-comptables. […] Mais c'est tout l'inverse, en réalité, on cherche toujours autant que cela soit en entreprise ou en cabinet.
Les Français ont compris que la fiscalité et la comptabilité étaient inséparables, déclare la spécialiste. Selon elle, les robots sont incompatibles avec leur association.
La profession est pénalisée par une image peu attirante
Les talents et particulièrement les jeunes ne sont pas attirés par les métiers :
- D’auditeur ;
- De commissaire aux comptes ;
- D’experts comptables.
Cette difficulté s’explique par leur réputation, alors qu’une transformation de ces professions s’opère au contraire. Virginie Roitman indique que la filière se révèle extrêmement méconnue :
En cabinet, nous souffrons d'une mauvaise image. On travaillerait beaucoup et, au demeurant, serait mal payé... Cette mauvaise réputation n'est plus tout à fait vraie.
L’experte souligne qu’ils ont d’abord tous mis en doute leurs approches. De nombreux cabinets se sont orientés vers une gestion d’entreprise plus flexible. Un salarié détient en général un portefeuille de clients. Un débutant peut disposer de 30-40 clients. Il peut de ce fait profiter d’une parfaite autonomie. L’employé a la possibilité de s’organiser à sa façon et la société s’adapte, confie Virginie Roitman. Par ailleurs, appuie-t-elle, les rémunérations en région francilienne s’établissent à des niveaux attractifs. Un travailleur justifiant de 6-7 ans d’expérience est susceptible d'obtenir 45 000 euros à 65 000 euros par an.
Les salaires ne figurent donc pas parmi les causes du manque d’attractivité. Ils ont d’ailleurs été redressés de +2,9 % en 2021 et de 4,5 % en 2022.
Pour capter les talents, le secteur mise entre autres sur les conditions de travail. Une partie des cabinets promettent par exemple à leurs collaborateurs d’instaurer le télétravail.