L’étude des chiffres montre une croissance constante du portage salarial en France. Toutefois, cette évolution positive est-elle le fruit d’une progression structurelle ou d’un simple effet d’aubaine en lien avec le contexte économique ? Notre article fait le point, pour vous, sur la dynamique du portage salarial et de ses ressorts chez les professionnels français.
Générations X, Y et Z : l’évolution de la perception du travail
Les différentes générations de professionnels ont une approche différente de l’emploi. Ainsi, la génération des boomers ou même la génération X étaient attachées à une entreprise. Les professionnels acceptaient alors de rester une grande partie de leur carrière dans la même structure. Par ailleurs, ils étaient (et demeurent) moins sensibles aux questions d’épanouissement au travail.
Pour les nouvelles générations, notamment la génération Y (que l’on retrouve sous le qualificatif de millennials), le bien-être au travail est essentiel. Dans ce contexte, plusieurs éléments sont perçus différemment par la nouvelle génération :
- Le CDI est vu comme un contrat rigide, qui peut effrayer certains jeunes actifs. En effet, ces derniers ne souhaitent pas toujours s’engager sur le long terme auprès d’une entreprise. Les démissions peuvent alors être plus fréquentes.
- Les rapports hiérarchiques sont parfois conflictuels. La génération Y a besoin de confiance au travail pour s’épanouir et vit mal tous les outils de surveillance mis en place par ses supérieurs.
Par rapport à ces deux éléments, le portage salarial et l’entrepreneuriat peuvent apparaître comme des possibilités sérieuses pour les jeunes actifs. Par ailleurs, un autre facteur semble aussi expliquer la hausse des salariés en portage salarial. Les actifs de plus de 50 ans ont de réelles difficultés à trouver un emploi à la suite d’un licenciement, d’une démission ou d’une rupture conventionnelle. Bien qu’ils soient attachés à une entreprise, ils n’ont pas toujours de prise sur leur fin de carrière.
Leurs expériences et leur carnet d’adresses en font des experts capables de réaliser des missions en toute autonomie, ce que permettent les sociétés de portage salarial. Ces dernières peuvent proposer un contrat de travail dès lors qu’un professionnel obtient un accord pour travailler avec une entreprise cliente.
La situation en matière de création d’entreprises en France
Les chiffres de l’INSEE sont particulièrement instructifs en matière de création d’entreprises. En effet, la France connaît une croissance en continue du nombre de nouvelles immatriculations. Ce boom s’explique en grande partie par les micro-entreprises. Dans le détail, les études de l’INSEE montrent qu’il y a eu, en France, 912 000 nouvelles immatriculations sur les 4 derniers mois glissants au 1er trimestre 2021. Ce chiffre n’était que de 588 000 au 1er trimestre de l’année 2011, soit dix ans auparavant.
Par ailleurs, la création d’entreprises hors micro-entrepreneurs plafonne aux alentours de 300 000 unités. Cette situation signifie que la hausse s’explique essentiellement par le caractère dynamique des nouvelles micro-entreprises. Les créations de micro-entreprises n’ont donc jamais été aussi hautes depuis 2009, date de mise en place de ce statut anciennement connu sous l’appellation “auto-entrepreneur”.
Il faut souligner, toutefois, que la création d’une micro-entreprise ne garantit pas d’atteindre le seuil de rentabilité. Bien souvent, le manque de cadre et d’organisation pénalise ces nouveaux entrepreneurs. Dans ce contexte, le portage salarial peut apparaître comme une vraie solution.
La dynamique du portage salarial
Un certain nombre d’études et d’analyses montraient déjà, en 2017, la forte croissance du portage salarial par rapport à une dizaine d’années plus tôt. Ainsi, entre 2006 et 2017, le nombre de salariés portés a été multiplié par presque 5 en passant de 15 000 à 70 000. Par ailleurs, le chiffre d’affaires cumulé des salariés portés a augmenté de 300 millions d’euros entre 2015 et 2017, soit en deux ans seulement.
La Fédération des Entreprises de Portage Salarial (FEPS) a actualisé ses chiffres pour la période 2020-2021. Cette période est évidemment particulière du fait de la crise sanitaire qui a bloqué l’économie durant un trimestre entier début 2020 et pendant quelques semaines fin 2020. Le FEPS nous livre donc plusieurs éléments à retenir :
- Le chiffre d’affaires cumulé en portage salarial a reculé en 2020 par rapport à 2019. Toutefois, en s’établissant à 1 milliard d’euros, il dépasse les années 2017 et égale l’année 2018.
- Une vingtaine de nouvelles sociétés de portage salarial se crée chaque année. Toutefois, la FEPS souligne que seules les sociétés de plus de 250 salariés arriveront à dépasser la crise économique qui vient.
- La croissance du chiffre d’affaires devrait être importante en 2022. La FEPS table même sur un chiffre d’affaires global de 3,5 milliards d’euros d’ici 2030.
À la vue de ces chiffres, il semble donc apparaître une grande résistance du portage salarial face à la crise. Or, un secteur qui progresse malgré tout en période de difficultés ne peut pas être considéré comme une “voie à la mode”. Par ailleurs, la crise sanitaire n’a représenté qu’une pause dans l’exécution des missions mais pas une remise en question du statut ou des professionnels qui le composent.
Bien choisir sa société de portage salarial
Lorsque l’on commence en portage salarial, il est important de faire attention à certains points. Ainsi, nous vous conseillons d’étudier tout particulièrement les questions suivantes :
- La taille du réseau de la société de portage. Est-elle en mesure, même si cela ne fait pas partie des obligations légales, de proposer des missions à ses salariés portés ?
- La qualité de l’accompagnement. Il faut éviter les sociétés de portage qui proposent des frais de gestion trop bas. En dessous de 5 %, on parle de sociétés de portage “low cost”, dont l’accompagnement est généralement médiocre.
- Les certifications. Certaines sociétés de portage peuvent mettre leurs certifications à disposition pour faciliter les démarches de leurs salariés portés. Cers derniers peuvent structurer plus rapidement leur offre et se développer efficacement.
Enfin, il est important d’analyser d’autres chiffres en lien avec la société de portage. Chez Links Consultants, ce sont près de 800 salariés portés qui travaillent sur des missions de conseils, de formation ou à l’étranger. Un tiers de ces salariés exerce depuis plus de 7 ans, traduisant un fort attachement aux libertés proposées par le portage salarial.