Sur les réseaux sociaux, le nouveau mot-dièse #quietquitting s’est nettement popularisé depuis quelques mois. Il renvoie à la démission silencieuse, un phénomène qui touche plus d’un salarié sur trois en France, selon une étude. Celle-ci survient alors que le goût de l’effort a disparu chez de nombreux travailleurs tricolores, tout âge compris.
La France serait en ce moment confronté à une « épidémie de flemme ». Telle est l’enseignement que présente un rapport récemment publié par l'Institut français d'opinion publique (IFOP) et la fondation Jean Jaurès. Une enquête renfermant une multitude d’informations intéressantes notamment pour les entreprises préoccupées par la pénurie de talents ou le désengagement.
Le phénomène, susceptible de toucher tout type de travailleur, en portage salarial, freelance ou classique, concernerait spécialement la jeune génération. Il s’expliquerait par des causes variées, dont d’ordre professionnel. Cependant, des facteurs sanitaires (la pandémie de coronavirus) et sociétaux (crises environnementales, politiques, etc.) ont par ailleurs été relevés.
Beaucoup adoptent des comportements démissionnaires
L’étude montre que l’épidémie de Covid-19 a entraîné une baisse de motivation dans le travail. Parmi les jeunes actifs, de 25 à 34 ans, 46 % en auraient perdu depuis la crise sanitaire. Cette proportion s’établit à approximativement 33 % si l’on regarde les Français en général.
Toute une génération de jeunes employés serait donc dépourvue de motivation dans leur emploi. À tel point que le quiet quitting, ou démission silencieuse se répand de plus en plus. Il s’agit d’un phénomène consistant à se contenter d'exécuter ce qui est réclamé. Ceux qui le pratiquent se limitent ainsi aux dispositions de la fiche de poste et s’interdisent de :
- Répondre aux courriels une fois l'horaire de travail terminé ;
- Réaliser des heures supplémentaires ;
- Etc;
Ces comportements ont existé depuis longtemps. Ils sont cependant montés en puissance, en France ou dans d’autres pays, depuis la crise sanitaire. Par rapport à cette situation, l’entreprise Les Makers a missionné l’IFOP pour observer le rapport des Français au travail. D’après les données recueillies :
- 74 % des répondants pensent que les jeunes travaillent moins que par le passé. Plusieurs individus dans cette population l’admettent d’ailleurs ;
- 45 % des employés questionnés disent s’en tenir au strict nécessaire concernant les tâches ;
- 37 % des salariés recourraient à la démission silencieuse.
Comment ranimer le goût de l’effort ?
L’univers de l’emploi subit actuellement une profonde mutation et le quiet quitting s’est installé du fait de facteurs préexistants. Outre-Atlantique, par exemple, le phénomène singulier du « big quit » bouleverse le monde du travail depuis l’an passé. Des départs massifs y ont été observés sur l’exercice 2021. L’on a recensé 47 millions d’Américains ayant abandonné leur emploi. Cette situation a engendré par la suite la démission silencieuse.
Face au développement de cette dernière, des experts ont évoqué quelques pistes à exploiter pour redonner du sens à l’effort. Ils recommandent notamment d’atténuer la surcharge mentale et de réviser les rythmes de travail.
Sur le premier point, enrayer l’excès d’information et préserver la concentration des employés s’imposent. L’effort d’une mission même assez facile peut augmenter jusqu’à en démoraliser des collaborateurs pourtant motivés en l’absence de :
- Promotion des temps de concentration ;
- Travail sur le volume d’informations circulantes.
Des recherches en sciences cognitives démontrent que la satisfaction à accomplir une mission diminue quand l’effort consenti devient trop conséquent.
Quant aux cadences de travail, ils doivent être réglés sur les rythmes biologiques et le fonctionnement cérébral pour demeurer supportables. Les employeurs devraient autrement dit accorder des pauses efficaces et réelles en journée. Ceci afin que le cerveau se repose en dehors du travail.