Selon le baromètre In Extenso-Essec-France Angels, dont les conclusions ont été récemment publiées, les acteurs français de la Tech ont levé 2,3 milliards d’euros au troisième trimestre. Ce chiffre est en baisse de 10 % sur 12 mois glissants. Cependant, l’ampleur du repli est moindre par rapport à celle enregistrée au premier semestre.
Des levées en baisse malgré quelques opérations d’envergure
Les performances trimestrielles du secteur sont attribuées en majeure partie à quatre opérations majeures dans les domaines de l’énergie et de l’IA.
- Verkor, fabricant de batteries électriques, qui a réuni 850 millions d’euros pour la construction d’une usine géante à Dunkerque, avec la contribution de l’État français et de l’Union européenne.
- Poolside AI, fournisseur d’outil IA pour le développement d’applications, a levé 126 millions d’euros, dont une partie auprès de Xavier Niel et du fonds américain Felicis.
- Aledia, concepteur de LED, a obtenu 120 millions d’euros.
- Accenta, fournisseur de solutions d’IA pour la décarbonation des bâtiments, a récolté 108 millions d’euros.
Entre le 1er janvier et le 30 septembre 2023, le total des montants collectés lors de ces tours de table a chuté de 41 % en France avec 6,8 milliards d’euros, et de 36 % en Europe avec 39,5 milliards. Sur les six premiers mois de l’année, les levées ont également diminué de 50 % par rapport aux pics historiques atteints en 2022.
Un contexte économique défavorable aux levées de fonds
Dans un contexte d’envolée des taux, les investisseurs ont été moins enclins à injecter de l’argent dans les start-ups au cours de la période. Privilégiées, les levées de fonds d’amorçage (moins d’un million d’euros) ont crû de 29 %, alors que les opérations de plus d’un million d’euros ont reculé de 41 %.
Les investisseurs se focalisent désormais sur les technologies de rupture (deeptech), comme l’IA, et sur quelques domaines stratégiques, comme l’énergie et la santé. Parmi les opérations notables, l’on peut citer :
- Animaj (utilisation l’IA pour les contenus audiovisuels) qui se distingue avec 80 millions d’euros levés.
- Corteria Pharmaceuticals (thérapie contre l’insuffisance cardiaque) suit avec 65 millions d’euros,
- Sensorion (thérapies pour les troubles de l’oreille interne) avec 35 millions d’euros,
- Greenbig (recyclage plastique) avec 20 millions.
Le troisième trimestre a été marqué par une dégradation de la situation économique, laquelle a entraîné une multiplication des procédures collectives, des assignations pour recouvrement par l’Urssaf, ainsi qu’une remontée des taux d’intérêt et un renchérissement des matières premières.
Selon les auteurs de l’étude, « cette situation devrait perdurer sur les six mois à venir ». De nombreuses start-ups devront par conséquent ajuster leur modèle économique et leur stratégie, voire d’envisager un adossement.
Valorisations en repli, reprise timide des introductions en Bourse
Les valorisations des entreprises technologiques continuent de baisser, mais les introductions en Bourse dans la tech ont timidement repris, avec la société ARM pour un montant record de 54,5 milliards de dollars le 14 septembre, puis d’Instacart le 19.
Selon la dernière étude annuelle de la Banque de France, « deux start-ups françaises sur trois sont dans le rouge ». En effet, 63 % des 2 445 jeunes pousses répertoriées fin 2022 affichaient un résultat d’exploitation négatif. Elles ont pourtant généré un chiffre d’affaires en progression de 25 % entre 2021 et 2022, soit le double du taux de croissance observé chez les TPE et PME. Les hausses de chiffres d’affaires les plus marquées sont observées dans l’industrie, la formation, la mobilité ainsi que la greentech, qui constituent donc un secteur porteur pour les consultants IT.
Pour rappel, répondent à la définition de Banque de France de start-ups les entreprises qui réalisent un chiffre d’affaires supérieur à 750 000 euros et qui ont levé au moins 3 millions d’euros. Ce seuil exclut ainsi les plus petites structures. Fin 2022, les start-ups tricolores, dont 47 % étaient localisées en région parisienne, comptaient un total de 103 700 salariés. La majorité de ces employés avait une ancienneté comprise entre 7 et 13 ans et 88 % des dirigeants étaient des hommes.