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Les disparités hommes-femmes s’observent jusque dans la retraite

réforme des retraites

Le gouvernement semble déterminé à modifier les règles d’accès aux retraites. L’exécutif affirme que son projet est « nécessaire et juste ». Il y a pourtant des perdants, parmi lesquels, les femmes. La réforme risque en effet d’accentuer l’inégalité du montant de la pension accordée aux hommes et aux femmes.

L’exécutif a dévoilé le 10 janvier 2023 son plan pour réorganiser le système français des retraites. À coter, que le projet concernera également les travailleurs en portage salarial. Le gouvernement tente de rassurer en mettant en avant certaines mesures concernant les carrières longues ou la pénibilité, entre autres. La question de la disparité hommes-femmes, que la réforme risque d’aggraver, reste cependant une source d’inquiétude.

La résolution de ce problème passe, selon certains experts, par la réduction des inégalités professionnelles. Et des recherches confirment que les minima influent beaucoup sur l’affaiblissement des différences de retraite entre les genres. Un versement limité de ces dispositifs affecterait plus sérieusement les femmes que leurs homologues masculins en bas de la distribution.

 

Une disparité des pensions

Des études révèlent que la liquidation de la retraite s’effectue plus tardivement chez les femmes que chez les hommes. Les employées n’ont parfois pas d’autre choix que de prendre leur retraite vers 65 ans, voire au-delà. Autrement, une décote pourrait être appliquée en raison des périodes au cours desquelles elles n’ont pas travaillé. Cette contrainte concerne 19 % des femmes qui appartiennent à la génération 1950. Du côté des hommes, 10 % d’entre eux font face à une situation similaire.

Le montant des pensions des femmes s’établit à 40 % plus bas que celui des hommes. En 2020, les retraitées résidant en France percevaient en moyenne 1 154 euros bruts, contre 1 931 euros pour les hommes. La différence atteignait 50 % en 2000. Mais elle diminue au fil du temps avec le développement de la qualification des profils féminins et de l’activité salariée. Ce repli s’effectue cependant très doucement et ne devrait pas faire oublier que l’on constate toujours une importante inégalité des rémunérations.

Le décalage le plus important, de 55 %, a été observé dans le secteur privé. Une conséquence des différences de salaire entre les dirigeants masculins et féminins et des carrières hachées des femmes.

 

Une espérance de vie moins importante pour les hommes

La pénibilité distinguant les professions féminines s’avère par ailleurs moins visible, en particulier dans des filières comme :

  • Les services à la personne ;
  • L’entretien ;
  • La distribution et le commerce.

Dans ces secteurs, les femmes exercent dans la plupart des cas des fonctions précaires. Le Conseil économique, social et environnemental souligne pourtant que :

« Les intéressées sont le plus souvent confrontées à des conditions de travail préjudiciables à leur santé ainsi qu’à leur vie personnelle et familiale. Celles-ci ont également des répercussions inéluctables sur le niveau de leurs pensions de retraite, qui risquent de faire basculer dans la pauvreté une partie de la population féminine au grand âge. »

L’inégalité hommes-femmes se constate aussi du point de vue de l’espérance de vie. Celle-ci a pratiquement augmenté de deux fois entre 1910 et 2022. Un Français sur quatre meurt toutefois avant 65 ans, d’après l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Les hommes, et surtout les moins aisés, sont davantage touchés par la mortalité prématurée. Sur 100 000 individus, l’organisme a relevé 349 hommes décédés avant 65 ans, contre 147 femmes.

L’indicateur de mortalité avant la fin d’une carrière professionnelle croîtrait avec la refonte voulue par l’exécutif. Les prévisions annoncent une hausse de 5.1 à 6,5 %. Quelque 9 000 personnes en plus décèderont ainsi avant leur retraite.