La France se situe aujourd’hui au cœur d’une crise énergétique. Pour y répondre, l’État encourage les entreprises à mettre en place le travail à distance lorsque c’est possible.
Il soutient que ce mode d’organisation contribue à la réduction de la consommation énergétique. Cependant, ce dispositif serait une mauvaise idée pour plusieurs syndicats.
L’amplification du télétravail dans les entreprises représente pour certains la solution pour atteindre la sobriété énergétique demandée par l’Exécutif. Un sujet qui concerne également les freelances, qu’ils soient totalement indépendants ou rattachés à une société de portage.
Qu’est-ce que le portage salarial ? Ce système se définit comme la forme d’emploi née du mélange entre le salariat et l’entrepreneuriat. Il permet en ce sens de profiter des avantages de ces deux modes d’organisation en même temps. Les professionnels qui l’adoptent bénéficient d’une assurance contre le chômage, d’une protection sociale du régime général, de congés payés… Le tout en gardant la flexibilité horaire, l’autonomie ainsi que la liberté du travailleur indépendant.
Les syndicats font preuve de scepticisme
L’Agence internationale de l’énergie recommande l’extension du travail à distance. Elle pense que cette mesure permet de faire baisser la consommation de pétrole. Les syndicats estiment en revanche qu’elle engendre des répercussions négatives ailleurs. La responsable du sujet à la Confédération générale du travail (CGT), Véronique Martin critique qu’il s’agit d’une fausse bonne idée. D’après elle, cette solution aide les entreprises à réduire leur consommation d’électricité, mais reporte la note sur les employés.
La secrétaire nationale de la Confédération française démocratique du travail (CFDT), Catherine Pinchaut, partage cet avis. En augmentant les jours de télétravail, les entreprises font supporter leurs coûts à leurs collaborateurs, réprouve la responsable syndicale. Pour elle, cet accroissement doit néanmoins composer un des points à étudier chez les employeurs en quête d’une meilleure sobriété.
À la Confédération française de l'encadrement-Confédération générale des cadres (CFE-CGC), la même opinion est soutenue. La secrétaire nationale de l’organisation en charge du développement durable, Mady Gilbert, appuie :
Le télétravail fait partie des aménagements possibles, avec des compensations.
Son collègue responsable de la formation et de l’emploi, Jean-François Foucard, indique en parallèle :
[…] Le fait d’affirmer que passer en télétravail permet de dépenser moins d'électricité, rien n'est moins sûr. De toute façon, on va vers une organisation hybride, il n'y aura pas de retour. […]
Un dispositif auquel certains salariés souhaitent échapper
Au sein des entreprises elles-mêmes, les avis diffèrent également. Le télétravail semble plaire à Marina Caimel, une salariée de Fixter, spécialiste de la digitalisation de la maintenance automobile. L’on dépense davantage en facture énergétique, mais ne paie rien pour les déplacements, selon elle.
Un ingénieur chez Artifeel, Redwane Ait Ouammi, quant à lui, a décidé d’éviter le travail à domicile. Il déclare préférer opérer depuis son bureau puisque le présentiel permet de communiquer avec des collègues et favorise l’apparition d’idées.
Le fondateur d’Artifeel, Alain Staron, envisage pour sa part de recourir au télétravail pour le bien-être de ses employés. Cependant, il clarifie poser quand même des limites. Le dirigeant souligne que l’invention de produit, qui représente l’activité principale de sa start-up :
[…] C'est passer sa vie à résoudre des problèmes. Et c'est passer sa vie à avoir des idées et à les mettre en œuvre. Ce travail précis d'innovation ne se fait pas à distance. […]
Alain Staron raconte qu’ils ont refusé d’embaucher un candidat qui a voulu travailler depuis l’Irlande. D’après le chef d’entreprise, celui-ci n’aurait pas pu discuter suffisamment. Chez la jeune pousse, ils ont choisi d’accorder aux collaborateurs deux jours hebdomadaires de télétravail.