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Le numérique au défi de la transition écologique

numérique et transition écologique

Le développement exponentiel du numérique, accéléré par la digitalisation de l’économie et les bouleversements sociétaux récents, pose de nouvelles problématiques environnementales. Si ce secteur est un vecteur d’innovation et de progrès, il contribue également de manière significative à l’empreinte carbone mondiale. Tour d’horizon.

 

L’empreinte environnementale du numérique : une réalité complexe

Le secteur du numérique, moteur de l’économie moderne, s’accompagne d’un impact environnemental de plus en plus significatif. Bien que souvent perçu comme un secteur dématérialisé, le digital repose sur des infrastructures matérielles énergivores et des processus de fabrication complexes, générant ainsi une empreinte écologique conséquente.

De l’extraction des matières premières à leur fin de vie, les équipements numériques exercent une pression significative sur l’environnement. La production des composants électroniques, très gourmande en énergie et en ressources rares, est particulièrement problématique.

Par ailleurs, le fonctionnement des data centers, ces immenses entrepôts de données, représente une part non négligeable de la consommation énergétique mondiale. Le refroidissement de ces infrastructures, indispensable pour maintenir les serveurs à une température optimale, requiert d’importantes quantités d’eau et d’énergie.

La transition numérique : un enjeu central pour la durabilité

Afin de respecter les engagements fixés par l’Accord de Paris, le secteur numérique doit réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de manière drastique, visant une baisse de 45 à 62 % d’ici 2030. Cet objectif, bien qu’essentiel pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C, se heurte à une complexité grandissante.

Le développement accéléré de technologies de pointe, notamment l’intelligence artificielle, génère une augmentation exponentielle de la demande en ressources énergétiques, alourdissant le bilan carbone des infrastructures numériques. Les calculs intensifs requis par ces innovations, qu’il s’agisse d’entraîner des modèles d’apprentissage ou de gérer de vastes bases de données, contribuent à une consommation énergétique massive.

Aujourd’hui, le numérique représente entre 2 et 4 % des émissions globales de GES, avec une croissance annuelle oscillant entre 2 et 7 %. Cette tendance compromet directement les objectifs climatiques internationaux, notamment en raison de l’explosion du nombre de terminaux connectés et de l’expansion des réseaux de données.

Pour inverser cette trajectoire, une transformation profonde des pratiques numériques s’impose. L’intégration de stratégies visant à optimiser l’efficacité énergétique, tout en limitant la prolifération des usages non essentiels, est primordiale. Au sein des organisations, les consultants informatiques spécialisés en Green IT sont appelés à jouer un rôle déterminant dans cette transition.

 

Une prise de conscience encore insuffisante

Malgré les pressions croissantes exercées par la société et les régulateurs, les décideurs tendent à sous-évaluer l’ampleur des actions à réaliser. Un changement de paradigme est pourtant essentiel : il ne s’agit pas seulement de freiner l’augmentation des émissions, mais d’adopter des pratiques innovantes, telles que l’IT for Green, où les technologies digitales contribuent à diminuer l’impact environnemental dans d’autres domaines.

L’IT for Green consiste à mobiliser les technologies numériques pour réduire l’empreinte écologique des activités dans d’autres secteurs, en optimisant des processus tels que la gestion énergétique des bâtiments, les réseaux de transport intelligents ou encore les systèmes agricoles basés sur des analyses prédictives.

 

La durabilité comme pivot

L’Union européenne a instauré un cadre juridique rigoureux visant à imposer une réduction substantielle des émissions de gaz à effet de serre, en particulier celles associées au scope 3, qui englobe les chaînes d’approvisionnement. Ce cadre comprend des instruments comme la directive sur les rapports de durabilité des entreprises, qui oblige les organisations à mesurer et publier l’impact environnemental de leurs activités, et le règlement sur la taxonomie, destiné à encourager les investissements durables.

La décarbonation des achats, qui consiste à privilégier des fournisseurs engagés dans des pratiques écoresponsables, constitue un levier essentiel pour aligner les chaînes d’approvisionnement sur les objectifs climatiques. En intégrant des critères de durabilité dans leur supply chain, les entreprises peuvent réduire leur empreinte écologique tout en stimulant l’innovation verte.

Du côté des DSI, investir dans des solutions telles que les infrastructures cloud à haute efficacité énergétique ou les logiciels conçus pour optimiser les flux de données, permet de réduire les coûts opérationnels tout en minimisant l’empreinte écologique. Ces technologies, en rationalisant la consommation de ressources, offrent des bénéfices immédiats en termes de rentabilité, tout en répondant aux exigences des réglementations environnementales.

 

Les opportunités liées à la transition numérique

Le numérique, en dépit de ses défis environnementaux, offre un potentiel considérable pour catalyser la transition écologique. Grâce à l’analyse de données massives et à l’intelligence artificielle, il est possible de modéliser et de simuler des scénarios complexes, afin d’identifier les goulots d’étranglement et d’optimiser la consommation d’énergie et de ressources. La maintenance prédictive, par exemple, permet de réduire les arrêts de production non planifiés et d’allonger la durée de vie des équipements.

Les énergies renouvelables, notamment l’éolien et le solaire, profitent pleinement des avancées numériques pour optimiser leur rendement et faciliter leur intégration au sein des réseaux électriques intelligents. La mobilité électrique, quant à elle, est propulsée par des batteries toujours plus performantes, fruit de recherches intensives en électrochimie et en matériaux.