Le 8 janvier dernier, BFM Business a partagé l’enquête d’ADP intitulée « People at work 2022 ». Celle-ci livre un constat inquiétant concernant les personnes qui font du télétravail. Elle montre la tendance de certains employeurs à ne pas payer les heures supplémentaires. La majorité des personnes ayant participé au sondage seraient victimes de cette pratique.
Avec la crise sanitaire, le travail à distance est devenu indispensable pour de nombreuses entreprises. Il présente des avantages pratiques, donnant une meilleure autonomie aux collaborateurs, améliorant l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée.
Le dispositif, très prisé des indépendants rattachés à une société de portage salarial, affiche en parallèle quelques points négatifs. Selon l’enquête « People at Work 2022 » d’ADP, il implique notamment une réduction des pauses. Le leader mondial des solutions de ressources humaines évoque par ailleurs un allongement du temps de travail. De plus, il a aussi découvert que le mode de fonctionnement favorise les heures supplémentaires non payées.
Un phénomène de forte ampleur
Le président des antennes helvétique et française d’ADP, Carlos Fontelas de Carvalho, s’est dit préoccupé par ce constat. La non-rémunération des heures supplémentaires réalisées par les télétravailleurs entraîne, souligne-t-il, un risque de non-respect du droit à la déconnexion. Une protection instaurée par la loi El Khomri en juillet 2016.
Ce phénomène s’observe alors que de plus en plus d’accords d’entreprise relatifs au télétravail sont établis. La Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) du ministère du travail en témoigne. Un rapport qu’elle a dévoilé en novembre dernier montre que 4 070 conventions ont été conclues en France en 2021. Ceci avec une moyenne hebdomadaire de 2 jours d’exercice à distance. Quatre ans auparavant, seulement quelques 400 actes similaires ont été signés.
Le sondage d’ADP révèle que quelques 66 % des télétravailleurs français affirment effectuer des heures supplémentaires gratuites pour leur société. Ils y consacrent chaque semaine 6 heures du temps qu’ils auraient pu utiliser pour autre chose comme se reposer ou faire du sport. Parmi les hommes et les femmes questionnés, respectivement 64 % et 63 % endurent ce problème.
Le constat se révèle plus prononcé chez les jeunes
D’après l’enquête, le phénomène des heures supplémentaires non rémunérées concerne en particulier la filière de l’information et des médias. Huit employés sur dix se plaignent d’accomplir leurs tâches en partie sans être payés, affirmant travailler gratuitement 9 heures par semaine en moyenne. Sont visés également les secteurs :
- De l’accueil et des loisirs : sept travailleurs sur dix, pour 6 heures gratuites hebdomadaires de plus ;
- De la finance : près de trois quarts des collaborateurs pour 7 heures (73 %) ;
- Des télécommunications et de l’immobilier : 75 % pour quelque 7 heures et demie.
La non-rétribution des heures supplémentaires s’observe surtout chez les jeunes salariés. Parmi les répondants, 57 % des 45-54 ans affirment vivre ce genre de situation toutes les semaines. Chez les 18-24 ans, cette part atteint 73 %.
Le volume moyen d’heures additionnelles non payées s’établit à 6,5 heures par semaine chez les télétravailleurs âgés entre 25 et 34 ans. Chez les 18-24 ans, il grimpe à 7,8 heures par semaine. Les 45-54 ans offrent eux 5 heures gratuites de plus par semaine.
Le sondage d’ADP a traité une grande diversité de sujets, parmi lesquels l’évolution de l'emploi et la santé mentale. Il en ressort aussi que 65 % du panel veulent accroître leur travail afin de toucher un salaire plus élevé. Le rapport montre en outre que neuf collaborateurs sur dix se déclarent satisfaits de leur métier présent.