Dans l’action publique au profit de l’émancipation économique des femmes, l’entrepreneuriat constitue encore un angle mort. Les créations d’entreprises proviennent pourtant majoritairement d’initiatives masculines. Les femmes font de surcroît face à davantage de difficultés dans l’accroissement de leur entreprise. Pour atténuer ce problème, le collectif Sista s’est doté d’un fonds d’investissement.
En 2011, la loi Copé-Zimmerman est entrée en vigueur en France. Depuis, les conseils d’administration des entreprises d’au moins 250 salariés doivent compter 40 % de femmes au minimum. Jusqu’alors, celles-ci n’en dénombraient que 15 %. Cette législation a atteint ses buts. Elle n’a en revanche pas débouché sur le ruissellement attendu au sein des comités de direction français.
La lutte pour l’égalité homme-femme reste concentrée sur le salariat
Le président de la République, Emmanuel Macron, a ainsi exprimé le vœu d’aller plus loin lors de son premier quinquennat. Ce souhait a été matérialisé par la loi vouée à accélérer l’égalité professionnelle et économique du 24 décembre 2021. Portée par la députée Marie-Pierre Rixain, ce texte veut que la représentation des femmes dans les instances dirigeantes atteigne :
- 30 % d’ici cinq ans ;
- 40 % d’ici la fin de la décennie.
Comme la loi Copé-Zimmerman, il édicte ce quota, étant donné la réalité que l’égalité ne constitue pas un processus naturel. Ce constat a été confirmé par l’index de l’égalité professionnelle. Un dispositif mis en place à l’initiative de l’ex-ministre du Travail, Muriel Pénicaud, en 2019. Ceci pour pallier le fait que moins de 1 % des entreprises recensaient une femme parmi les 10 meilleurs salaires.
L’entrepreneuriat reste cependant un sujet oublié de l’action publique pour l’émancipation économique des femmes depuis 2017. Elle n’a pas attiré toute l’attention requise des responsables politiques lors du dernier quinquennat. Les statistiques semblent pourtant claires sur ce point : les hommes représentent actuellement 65 % des créateurs d’entreprises. Faire appel à une société de Portage salarial apparait comme une solution pour aider et accompagner les femmes dans leurs projets de création d'entreprise.
Les start-ups créées par des femmes reçoivent moins de financement
Cette réalité n’épargne pas le monde du numérique et de l’innovation, qui s’appuie pourtant sur de très jeunes entrepreneurs. Cette proportion monte à 90 % quand on examine les entreprises technologiques ou innovantes. Le même problème s’observe sur les données sur l’investissement. Ainsi, les start-ups issues d’hommes accaparent 88 % des financements réalisés en France. Les jeunes pousses mixtes ou féminines n’en enregistrent respectivement que 10 % et 2 %. Les entrepreneures se voient par ailleurs accorder 2,5 fois moins de fonds que leurs homologues masculins.
Dans sa mission d’affaiblir les disparités de financement entre les équipes féminines et masculines, l’ONG Sista compte lancer Sista Fund. Son premier fonds d’investissement en capital-risque. Sur les 100 millions d’euros qu’elle ambitionne de collecter pour concrétiser ce projet, 30 millions d’euros l’ont déjà été.
Sista Fund soutiendra des entreprises créées par des femmes ou des équipes mixtes en série A et en phase d’amorçage. Son objectif : appuyer leur croissance externe et interne. Tatiana Jama, co-fondatrice de Sista, souligne que l’organisation aidera exclusivement les sociétés renfermant une composante technologique. Elle détaille :
Nous avons 4 secteurs de prédilection : la healthtech (santé digitale), les fintech & insurtech (finance, assurance), les SaaS (logiciels) et les start-ups consumer [ndlr biens de consommation]. […]
Un budget de financement entre 250 000 et 3 millions d’euros sera attribué à chaque entreprise candidate retenue.