Le marché du travail évolue, et avec lui, les attentes des jeunes générations. Les employeurs peinent à fidéliser les talents de la génération Z, souvent jugée volage et désengagée. Au cœur de ce problème, le contrat de travail, en particulier le CDI, semble de moins en moins répondre aux aspirations des jeunes actifs. Pour renforcer leur loyauté, il est essentiel de revoir en profondeur le modèle traditionnel du contrat de travail.
Le CDI : un modèle en déclin pour la génération Z
Contrairement aux idées reçues, le CDI n’est pas boudé par les jeunes ; il leur est simplement moins proposé. Le chômage des jeunes reste plus de deux fois supérieur à la moyenne nationale, et la majorité d'entre eux se retrouve coincée dans des contrats précaires tels que des CDD, des stages ou des missions d'intérim. Cette précarité s’explique notamment par une tendance à ne pas offrir de contrats stables aux jeunes, sous prétexte qu’ils n’en voudraient pas. Cependant, cette situation conduit à une perte de confiance des jeunes dans le système, renforçant les inégalités et érodant le mythe de la méritocratie.
En effet, comme le souligne la journaliste Salomé Saqué dans son ouvrage « Sois jeune et tais-toi », l’accès à des emplois stables et bien rémunérés est devenu plus difficile que pour les générations précédentes. Ce déséquilibre crée une fracture entre les jeunes et le marché du travail, alimentant un sentiment de frustration et de résignation. Pour fidéliser la génération Z, il est donc primordial de leur offrir les mêmes opportunités de stabilité et de progression que celles dont leurs aînés ont bénéficié.
Lorsqu’un CDI est enfin proposé, il n’est plus perçu comme un Graal par les jeunes générations. Historiquement, ce contrat offrait des garanties financières solides, l’accès au logement et une retraite décente. Toutefois, ces contreparties ont considérablement diminué, tandis que les aspects aliénants du travail, tels que la subordination stricte et la répétitivité des tâches, persistent.
Les jeunes cherchent désormais un travail qui leur donne du sens, de la flexibilité et de l'autonomie. Le modèle contractuel classique, basé sur la hiérarchie et une progression salariale lente, est de moins en moins attractif. La génération Z privilégie les environnements de travail qui leur permettent de s'épanouir, de développer leurs compétences et de participer à des projets innovants. Les entreprises doivent donc revoir leurs approches contractuelles pour offrir des expériences professionnelles plus enrichissantes et adaptées aux aspirations des jeunes travailleurs.
Un contrat de travail à repenser pour plus de flexibilité et de sens
Le contrat de travail tel qu’il est conçu aujourd'hui ne satisfait plus les besoins des jeunes générations. Le CDI, avec ses contraintes strictes et ses contreparties de plus en plus faibles, ne répond plus aux exigences du monde professionnel. La génération Z, plus connectée et flexible, aspire à des modalités de travail plus adaptables : télétravail, horaires flexibles, missions variées, et autonomie dans la gestion des projets. Ils sont également nombreux à rechercher des environnements de travail où la collaboration prime sur la hiérarchie, et où la relation avec les supérieurs est moins basée sur la subordination stricte.
Pour attirer et fidéliser ces jeunes talents, les employeurs doivent envisager des formes de contrat plus souples, permettant par exemple d’avoir plusieurs employeurs simultanément, ou des contrats évolutifs qui s’adaptent aux besoins et aux aspirations des travailleurs. Offrir des conditions de travail plus horizontales, où la prise d’initiative est encouragée, peut s’avérer un levier puissant pour améliorer la rétention des jeunes talents.
Parmi les alternatives émergentes pour répondre à ces besoins de flexibilité, le portage salarial s'impose comme une option particulièrement intéressante. Ce modèle hybride permet aux jeunes travailleurs de conserver l’autonomie d’un freelance tout en bénéficiant des avantages sociaux d’un salarié, comme la sécurité sociale ou la cotisation pour la retraite. Le portage salarial leur permet de choisir leurs missions et de diversifier leurs expériences professionnelles sans être contraints par la rigidité du CDI. Pour les employeurs, il s'agit aussi d'une solution flexible pour collaborer avec des talents en fonction des projets et des besoins ponctuels, tout en offrant une sécurité matérielle à ces jeunes professionnels.
Un contrat qui favorise l'apprentissage et la mobilité
La clé pour fidéliser la génération Z réside également dans la possibilité de développer constamment de nouvelles compétences. Le contrat de travail de demain ne devrait pas être figé, mais au contraire évoluer en fonction des aspirations des travailleurs et des besoins du marché. La génération Z valorise l’apprentissage tout au long de la vie et la possibilité de changer de rôle ou d’entreprise sans perdre en stabilité. Ainsi, un contrat plus dynamique, offrant des opportunités de formation continue et de mobilité professionnelle, répondrait mieux à leurs attentes.
L’apprentissage tout au long de la vie est non seulement une réponse aux aspirations individuelles, mais aussi une nécessité. En intégrant des dispositifs de mentorat et des programmes de développement des compétences dans les contrats de travail, les employeurs peuvent non seulement attirer les talents, mais aussi les garder sur le long terme.