Le constat de la douleur physique et psychique qu’entraîne une fausse couche suscite des débats passionnés. Des personnalités politiques mais aussi des entreprises de renom y prennent part. Elles estiment nécessaire de mettre en place un congé en cas d’interruption involontaire de grossesse, pour que les parents aient le temps de faire leur deuil.
En France, la fausse couche ou l’arrêt involontaire d’une grossesse touche une femme sur dix. Dans un cas sur quatre, l’interruption spontanée de grossesse survient au cours des 22 premières semaines de grossesse. Cet évènement lourd de conséquences, que ce soit sur le plan physique ou psychologique, n’a pas toujours été pris au sérieux si l’on en croit la députée écologiste Paula Forteza.
Cependant, plusieurs entreprises, agissent en accordant un congé en cas d’interruption spontanée de grossesse. Les salariées concernées peuvent arrêter de travailler pendant trois jours en moyenne. Un droit auquel peuvent également prétendre les personnes qui se lancent dans le portage salarial.
Une démarche de libération
En novembre 2021, la demande d’un congé de quelques jours figure parmi les 17 mesures proposées par Paula Forteza à l’Assemblée nationale. La députée espère voir dans cette réforme un moyen d’épauler les mères pendant les douze premières semaines de grossesse. Elle a suggéré qu’une fausse couche qui survient au cours de cette période soit prise en charge. Cependant, aucune des mesures que la femme politique a préconisées n’a été retenue. En mars 2022, Mme Forteza a relancé le débat, demandant la mise en place d’un arrêt de 3 jours suite à une interruption involontaire de grossesse. Pour la parlementaire, cette démarche est juste car elle prend en compte les effets néfastes de la perte prématurée sur la mère.
Le 30 mars dernier, elle déclare au cours de son interview pour L’Obs, « c’est un moyen de reconnaître officiellement et symboliquement l’existence de ce moment, et du deuil qu’il induit ».
Parmi les premiers à vouloir mettre en vigueur cette mesure, il y a Critizr. La société spécialisée dans les relations clients a instauré son « congé pour fausse couche » dès le 1er mai 2022. Ce droit est reconnu pour toutes les salariées de l’entreprise en France comme au Japon, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni ou en Espagne.
Des entreprises en tête du projet
Critizr fait ainsi partie des premières entreprises à mettre en place ce nouveau congé. Concrètement, en cas de fausse couche, une collaboratrice a droit à 5 jours d’arrêt et un père à deux jours. En effet, même si la conjointe du salarié ne travaille pas chez Critizr, celui-ci bénéficie du congé.
Cette démarche appuie la déclaration qu’a faite la députée EELV lors de son entretien à L’Obs, « c’est un évènement marquant qui nécessite du temps pour s’en remettre. Tant pour la femme que pour le conjoint. »
Xavier Molinié, le directeur des ressources humaines de Critizr, abonde dans ce sens. Le responsable explique qu’il est en effet difficile de travailler dans des circonstances pareilles. Son entreprise accorde d’ailleurs aussi un congé menstruel à ses collaboratrices.