Durant la crise sanitaire, les entreprises ont pu atténuer momentanément leurs problèmes de trésorerie grâce aux prêts garantis par l’État. Des crédits dont le taux d’intérêt est plafonné à 2,5 %, caution de l'État prise en compte. Maintenant, il reste à savoir si les bénéficiaires parviendront à payer les dettes contractées.
Pour la restitution des PGE ou prêt garanti par l’État les banquiers et spécialistes redoutent des accrocs cette année. L’univers de l’entrepreneuriat en a profité afin de faire face aux impacts de la pandémie de coronavirus. Quelque 700 000 crédits, totalisant plus de 143 milliards d’euros, ont été octroyés de mars 2020 à juin dernier.
D’après un associé du cabinet Eversheds Sutherland, Aurélien Loric, ces financements ont surtout bénéficié aux PME et aux TPE. Avec respectivement 14 % et 81 % des attributaires, révèle-t-il. Les ETI et les grandes entreprises comptent de leur côté seulement 1 500 allocataires. Ces derniers captent cependant 25 % du volume des encours versés (33,5 milliards d’euros).
Des difficultés conjoncturelles commencent à se faire ressentir
Le remboursement de 45 % de ces financements a débuté à partir de 2021. Une grande partie des entreprises devaient quant à elles commencer à s’acquitter de leurs dettes dès le printemps dernier. Selon le médiateur national du crédit à la Banque de France (BdF), Frédéric Visnovsky, elle concerne environ 200 000 emprunts. Si jamais l’attributaire connaît une défaillance, l’État paie 90 % des prêts des ETI, PME et TPE aux établissements bancaires.
Questionné par Forbes sur des signes de complications exceptionnelles, Aurélien Loric déclare :
Seulement 3.944 entreprises bénéficiaires de PGE auraient fait l’objet d’une procédure collective.
Différents paramètres doivent néanmoins être considérés afin de décrypter ces chiffres, indique-t-il. L’expert explique ainsi que les grandes entreprises et les ETI, qui regroupent une grosse portion des encours :
Restructurent en priorité leur endettement dans le cadre de procédures préventives, par nature confidentielles et donc hors des statistiques.
Les professionnels observent de surcroît une forte multiplication des restructurations amiables de PGE, poursuit-il. Ceci bien qu’on ne subisse toujours pas les conséquences craintes par beaucoup pour 2022. L’insolvabilité n’est donc pas l’unique raison de remanier un PGE, d’après lui.
Les banques restent placides
Les PGE rassemblent au total pratiquement 11 % des encours de l’ensemble des prêts bancaires pour entreprises. Certains experts s’interrogent si les prêteurs n’ont pas été trop généreux dans l’octroi de ces financements, vu le faible risque possible. Au printemps 2020, lors du premier confinement, ils ont été priés par l’Exécutif de les attribuer rapidement, apprend-on.
Le risque d’incapacité de paiement était jugé assez mince à l’origine. Évalué initialement à 5,1 % des prêts accordés. Un abaissement à 3,1 % a ensuite été opéré en 2021 avec la reprise de l’activité. Frédéric Visnovsky rappelle toutefois qu’à l’été 2022, ce chiffre a été révisé à la hausse, à 4,6 %. L’expert annonce qu’il pourrait encore s’envoler, mais pas substantiellement.
Pour l’instant, les établissements semblent sereins. BPCE a délivré 228 000 PGE (35 milliards d’euros). La banque a affirmé qu’elle a observé au 13 décembre 2022 :
Un taux de défaut en montant d'impayés extrêmement minime (de l'ordre de 0,07%).
La Société Générale a exposé pour sa part que l’amortissement des PGE se poursuivra progressivement. Le taux de défaut afférent demeure restreint, a-t-elle précisé.
En cas de difficulté de remboursement, diverses solutions s’offrent aux entreprises. Citons par exemple les procédures préventives traditionnelles, dont la conciliation et le mandat ad hoc, la médiation du crédit…