Depuis de longues années, la carrière d’un travailleur est perçue comme révolue ou presque, lorsqu’il a franchi les 50 ans. Mais l’époque de la dévalorisation paraît terminée. Les professionnels âgés sont même appréciés actuellement en entreprise. Le rehaussement de l’âge de la retraite a donné de la visibilité à la réserve de seniors sans emploi.
Les branches d’activité sont majoritairement confrontées à une pénurie de compétences et de main-d’œuvre depuis la reprise post-Covid de l’économie. Elles se sont ajoutées aux traditionnels secteurs déjà très tendus, tels que les services à la personne, le BTP ou l’hôtellerie-restauration.
Face à ce problème, de nombreuses entreprises se sont orientées vers le portage salarial afin de le résoudre. D’autres ont opté quant à eux, pour une formation en interne de leurs futurs collaborateurs. Une des solutions qui s’offrent également aux organisations porte sur le recours aux seniors. Une multitude de recruteurs voient toutefois encore l’âge en tant que premier facteur de discrimination.
Les seniors sont peu valorisés en France
Indeed a réalisé un sondage d’opinion sur l’emploi des seniors. Un échantillon de 400 chefs d’entreprises et 1 000 salariés a alors été sondé. Parmi les dirigeants, environ 70 % jugent insuffisante la valorisation des plus de 45 ans dans l’univers professionnel tricolore. Paradoxalement, seuls 3/5 d’entre eux déclarent prévoir d’embaucher un individu dans cette tranche d’âge dans les mois à venir. Approximativement le quart indique pour leur part qu’ils préféreraient quelqu’un de moins de 45 ans à profils similaires (26 %). En parallèle, 18 % admettent ne jamais avoir recruté de candidat plus âgés que 45 ans jusqu’à maintenant.
La question de l’emploi des personnes âgées constitue depuis longtemps un cercle vicieux. Seulement 56 % des actifs de 55 ans à 64 ans en exercent un à ce jour. Pratiquement 66 % des Français atteignent en outre l’âge de la retraite sans emploi. La Dares a aussi noté que chez les Français de 60-64 ans, à peine 35,5 % continuent leur carrière.
Avec le taux d’emploi susmentionné, la France se place largement en dessous des pays de l’OCDE. La moyenne dans cette organisation a été estimée à 62,9 % au deuxième trimestre 2022. Les Européens se situent également très loin devant, avec un taux d’emploi des seniors de :
- 73,7 % en Allemagne ;
- 64,4 % au Royaume-Uni.
Employer des seniors confère beaucoup d’avantages
Un économiste du Hiring Lab d’Indeed, Alexandre Judes, explique ce faible emploi des seniors par l’âge de retraite préconisé par la loi. La France s’est fixée à un niveau plus bas que dans la majorité des pays européens, souligne-t-il. L’expert regrette :
Cela représente une perte de production pour l'économie et de cotisations pour le système de protection sociale, qui doit de surcroît verser plus de prestations.
Il prévient cependant qu’en plus de la refonte des retraites, les sociétés doivent corriger leur mentalité à l’égard des seniors. Ce changement est indispensable, selon lui, afin d’éviter qu’à partir de 61 ans, les seniors se retrouve :
- En préretraite ;
- Au chômage.
Un tiers des salariés interrogés par Indeed veut d’ailleurs poursuivre leur carrière même après la date légale de mise à la retraite.
Aujourd’hui, le nombre de requêtes d’embauche à des emplois de dirigeants ou de responsables augmente continuellement. Le fondateur de Teepy Job, le numéro un de l’emploi des 50 ans et plus, Jean-Emmanuel Roux commente :
[…] Là, les seniors ont leur carte à jouer. Les entreprises y voient une possibilité de fidéliser des collaborateurs expérimentés.
Le dirigeant appuie qu’engager des personnes âgées procure l’assurance d’un collaborateur prêt à s’impliquer ainsi qu’une continuité sur l’emploi.