Le dernier rapport du Conseil national de la productivité (CNP), daté du 23 octobre, offre une analyse approfondie de l’état de la productivité en France, soulignant des préoccupations majeures quant à son impact potentiel sur les rémunérations. Le CNP, un organisme indépendant intégré à France Stratégie, publie son quatrième rapport depuis sa création en 2018, et se penche sur les forces économiques susceptibles d’influer sur la productivité et la compétitivité nationale.
Productivité en baisse : un signal d’alarme
Supervisé par l’économiste Natacha Valla, le rapport reconnaît initialement les performances économiques de la France post-Covid-19 en comparaison d’autres nations. Cependant, il révèle une tendance alarmante : la baisse de la productivité dans le pays.
La productivité, qui mesure l’efficacité de la conversion des ressources en biens et services, est un indicateur essentiel de la performance économique. Une productivité en baisse signifie que les ressources ne sont pas utilisées de manière optimale, ce qui peut affecter directement les salaires et le niveau de vie.
Le CNP se penche principalement sur la productivité du travail, évaluant la quantité de biens produite par heure de travail. Après une chute significative lors de la crise du Covid-19, la productivité du travail reste inférieure de 6,4 % par rapport à sa tendance pré-crise (entre 2010 et 2018), selon le rapport.
Deux facteurs principaux expliquent cette baisse
Le rapport identifie deux éléments clés contribuant à la baisse de la productivité. D’abord, la création de 1,2 million emplois post-Covid, principalement des contrats d’apprentissage ou pour des personnes éloignées du marché du travail, a eu un impact négatif dû à leur manque d’expérience et de qualifications. Cependant, ce recul de productivité devrait s’atténuer à mesure que ces travailleurs gagnent en expérience.
En ce qui concerne le télétravail, ses conséquences devraient diminuer à mesure que les entreprises ajustent leurs pratiques pour se rapprocher du niveau optimal de productivité.
La chute de la productivité n’est pas seulement une préoccupation économique, elle a aussi des répercussions sur les salaires. Une productivité plus faible signifie une valeur ajoutée moins importante produite par heure de travail. En conséquence, la répartition de cette valeur est également limitée, entraînant une stagnation des salaires.
Pour les travailleurs portés, le TJM (taux journalier moyen) en portage salarial joue un rôle clé dans la gestion de la productivité. Il représente le tarif journalier facturé par le consultant indépendant en fonction de ses compétences, de son expérience et du marché. Un TJM bien ajusté favorise une productivité optimale, permettant aux professionnels de valoriser leurs compétences tout en maintenant un équilibre financier avantageux.
Perspectives à long terme
Malgré cette baisse de productivité, le rapport envisage des perspectives à long terme plus optimistes. Il souligne que la productivité du travail n’est qu’un aspect de l’équation, et que les progrès technologiques, tels que l’intelligence artificielle, pourraient apporter des gains de productivité.
En effet, selon l’OCDE, la croissance économique en France dépend en partie de la quantité de capital et de la productivité globale des facteurs (PGF). Ainsi, bien que la productivité du travail ait reculé, d’autres facteurs pourraient compenser cette perte.
La baisse de la productivité en France n’est pas un phénomène isolé, mais un problème structurel qui affecte l’ensemble de la zone euro depuis 2016. Les inégalités de productivité entre les entreprises représentent un défi significatif, avec des écarts marqués entre les entreprises très productives et celles qui peinent à améliorer leur productivité.