Dans un contexte de forte inflation depuis 2022, les entreprises tricolores ont accordé des augmentations de salaire cette année. Pour 2024, de nouvelles hausses sont attendues, bien que plus modérées.
Des hausses salariales générales privilégiées par la majorité des employeurs
« Les augmentations salariales générales en France ont été conséquentes en 2023 », révèle le cabinet Mercer, « avec une médiane à 3 %, contre 1,1 % et 0,8 % respectivement en 2022 en 2021. En règle générale, les augmentations individuelles sont privilégiées pour récompenser les salariés performants et les fidéliser. Elles sont en outre plus importantes que les révisions générales. En 2023, la médiane s’est établie à 2 %, soit 0,6 point de pourcentage au-dessus de son niveau de 2022.
Les efforts des entreprises visent à préserver le pouvoir d’achat de leurs salariés, alors que l’Insee a annoncé une inflation à 4,5 % sur un an au mois de juin. D’après le cabinet de conseil en ressources humaines LHH, « 75 % d’entre elles ont appliqué des augmentations générales sur les rémunérations des ouvriers, employés, techniciens et agents de maîtrise ». Concernant les cadres, la proportion d’organisations ayant adopté une telle stratégie est plus faible, à 66 %.
En revanche, ces derniers ont été plus nombreux à percevoir des revalorisations individuelles, accordés par 90 % des employeurs. En comparaison, 80 % des établissements en ont distribué à leurs employés et ouvriers, et 66 % des techniciens et agents de maîtrise. Le cabinet estime ainsi que « le budget 2023 consacré aux augmentations est en croissance de 4,7 %, un pic historique sur la dernière décennie. »
Des augmentations salariales hétérogènes
Le cabinet Deloitte constate des « augmentations médianes du salaire de base d’environ 4,6 % en 2023 pour les ouvriers, employés, techniciens et agents de maîtrise (+1,5 point sur un an) et de 4 % pour les cadres (+2,1 point par rapport à 2022) ».
Pour sa part, Mercer relève une « hausse marquée et continue du salaire de base entre novembre 2022 et mars 2023, faisant grimper le niveau médian à 4,95 % ». Celui-ci se rapproche ainsi sensiblement de l’inflation, qui devrait s’élever à 5,5 % pour cette année en France. Le cabinet ajoute que « tous les salariés ont bénéficié des augmentations salariales, hormis les cadres supérieurs et dirigeants ».
Celles-ci devraient être plus généreuses pour les ouvriers et employés (5 % en moyenne pour le total des parties fixe et variable) par rapport aux cadres, cadres supérieurs et dirigeants (4 %). Toutefois, les écarts dans les pratiques des entreprises sont notables, puisque Mercer table sur des « augmentations allant de 2,8 % à 8 % à la fin du premier trimestre 2023. »
Recours accru à la prime partage de la valeur
D’autres dispositions viennent compléter les augmentations salariales classiques. Selon une enquête de LHH, « 45 % des établissements ont versé une prime de partage de la valeur d’un montant d’environ 800 euros à leurs collaborateurs en 2023 ». Mercer rejoint cette conclusion et annonce un pourcentage plus élevé « (49 %) d’entreprises ayant l’intention de verser une prime d’un montant compris entre 500 et 1 000 euros, avec une médiane à 800 euros ».
Selon Deloitte, « le recours à la prime de partage de la valeur se démocratise chez les employeurs », puisque 53 % en ont accordé une en 2023, contre 29 % en 2022. Par ailleurs, son montant, initialement de 300 euros pour toutes les catégories socioprofessionnelles, a doublé d’une année à l’autre pour les employés, techniciens et agents de maîtrise non cadres, et a grimpé à 816 euros pour les cadres.
Quelles perspectives pour 2024 ?
Les cabinets de conseil en ressources humaines ont en revanche des avis divergents concernant l’enveloppe consacrée aux augmentations salariales de base pour l’an prochain. LHH anticipe une « diminution de 3,5 % liée au reflux de l’inflation ». L’enquête de WTW prévoit pour sa part une « hausse moyenne de 3,9 % pour 2024 », un peu en dessous de celle observée en 2023. Deloitte s’attend également à un « léger ralentissement des augmentations médianes du salaire : 4,0 % pour les ouvriers, employés, techniciens et agents de maîtrise et 3,5 % pour les cadres ». À l’inverse, Mercer mise sur une stabilité du taux pour 2024 à 4,95 %, mais estime qu’« un ajustement de ce chiffre reste envisageable en fonction de l’évolution de la situation économique et de l’inflation au deuxième semestre 2023 ». Pour autant, le niveau des augmentations salariales en France restera élevé en 2024. Cela s’explique par la volonté des entreprises de rester compétitives sur un marché du travail toujours favorable aux candidats, qui sont en position de force pour négocier une rémunération plus attractive.
Bon à savoir : les indépendants ont l’avantage de pouvoir fixer librement leur rémunération, en fonction de leur profil et de la mission. Cependant, ils sont confrontés au risque d’impayé en cas de défaillance de leur client. La garantie financière est l’un des atouts du portage salarial pour les non-salariés. Elle garantit le paiement des rémunérations et des indemnités de fin de mission des salariés portés en cas de problème financier de l’entreprise de portage salarial, l’organisme financier garant, obligatoirement agréé par l’État, assurant le relai.