La crise sanitaire du Coronavirus marque un tournant dans le monde du travail. Les évolutions sont nombreuses et l’adaptation des pratiques à la crise a été la règle dans les entreprises. Vous souhaitez comprendre par quels moyens le monde du travail va (encore) se transformer et changer ? Notre article analyse la situation actuelle et les tendances à venir.
Les évolutions structurelles du monde du travail
Le monde du travail a connu des évolutions notables au cours de l’Histoire. À ce titre, la révolution industrielle du XIXe siècle a introduit un premier bouleversement sensible. La production de masse est devenue, peu à peu, la norme. Cette massification est à l’origine des baisses de prix dans certains secteurs. Ainsi, l’industrie automobile, par le volume de sa production, a pu démocratiser l’accès à tous de ce bien de consommation.
La révolution industrielle vient donc changer, en profondeur, le monde du travail :
- La question du temps de travail et des horaires fait alors son apparition.
- Les premiers syndicats se réunissent pour défendre les droits et les intérêts de travailleurs.
- L’artisanat s’efface au profit d’une production standardisée et uniforme.
Ces préoccupations ne concernaient pas les autres professions traditionnelles telles que les agriculteurs ou encore les commerçants.
Les nouvelles technologies et le traitement des « data » viennent aussi changer le travail d’aujourd’hui. Certains spécialistes considèrent que nous sommes désormais dans le temps de la « mass customization ». Il s’agit alors de combiner les avantages des productions artisanales et industrielles. Il devient ainsi possible de proposer des produits personnalisés, en grande quantité, aux clients.
L’arrivée de la vie au bureau
Les secteurs dits primaire et secondaire (agriculture et industrie) ont essentiellement connu des évolutions « techniques ». Ces circuits de production vivent une modernisation constante grâce à l’arrivée d’outils toujours plus performants. Ce contexte va être plus profond pour le secteur dit tertiaire.
Les services occupent, en effet, une place très importante en France. À ce titre, on évoque régulièrement la tertiarisation de l’économie française pour traduire la place prédominante des métiers de services. Le secteur tertiaire compte désormais pour plus de 75 % des emplois français en 2017 contre 42 % en 1962.
Les professions « de bureau » vivent, quant à elle, des bouleversements multiples. Ainsi, nous pouvons évoquer l’arrivée, au cours des années 50 aux États-Unis, de l’open-space. Il s’agit de gagner en espace et en communication en « ouvrant » les bureaux.
Les nouvelles technologies viennent aussi changer les métiers de service. Il n’existe plus de barrières spatiales ou temporelles. Ainsi, certains peuvent travailler dans n’importe quel lieu à n’importe quelle heure. Ce nouveau contexte participe au développement du coworking. Cet espace de travail partagé regroupe des professionnels, parfois sans aucun lien, et travaillant dans des secteurs différents.
Ainsi, de l’open-space jusqu’au coworking, les professionnels sont devenus de plus en plus isolés. Il n’est d’ailleurs pas étonnant à ce que l’on constate une augmentation de l’entrepreneuriat indépendant.
On constate alors une évolution sensible du monde du travail « tertiaire » où il s’agit de faire sortir les professionnels de leurs bureaux. Le travail à distance, les nouvelles technologies, les horaires décalés, les espaces de coworking, etc. participent d’un même mouvement de distanciation physique du salarié vis-à-vis du lieu de travail traditionnel. Sans compter que des contrats de travail, plus flexibles, voient également le jour.
La nouvelle donne de la crise du Coronavirus
La crise sanitaire du Coronavirus apparaît, à bien des égards, comme un accélérateur de tendances déjà existantes. En effet, les mesures de distanciation physique nécessitent de travailler à distance. Ainsi, dans les métiers où cela est possible, le télétravail est devenu la règle.
Néanmoins, pour travailler efficacement à distance, il est essentiel de disposer des bons outils. Ainsi, la période actuelle marque l’arrivée et/ou l’émergence de logiciels de communication qui s’adaptent aux échanges en ligne.
Par ailleurs, le confinement a mis en avant les nombreux problèmes des grands centres urbains et des métropoles. Non seulement le virus circule davantage dans les grandes concentrations urbaines, mais les espaces de vie demeurent plus petits. Sans compter que les espaces verts ont été fermés pendant plusieurs semaines.
Ces questionnements se posent aussi pour les dirigeants d’entreprise. En effet, la question de louer des bureaux en plein cœur des métropoles se pose désormais avec une certaine acuité. Favoriser le télétravail pourrait permettre de louer moins d’espaces et donc de faire des économies significatives. Sans compter que le format open-space s’adapte très peu aux gestes « barrière ».
Ainsi, dans bien des situations, la crise sanitaire du Coronavirus et le confinement ont mis en avant des problèmes fondamentaux. Le déconfinement va marquer un retour à la normale, mais de nouvelles habitudes de travail vont subsister et changer, de fait, les entreprises.
Quel monde du travail dans 10 ans ?
Comme nous venons de le voir, la crise sanitaire actuelle ne remet pas en question les tendances lourdes en matière de travail. Bien au contraire, elle accompagne et donne un coup d’accélérateur à des pratiques alternatives de travail.
Ainsi, dans une dizaine d’années, le monde du travail pourrait connaître des évolutions notables sur plusieurs axes fondamentaux :
- La généralisation du télétravail. Le travail à distance, pour les professions qui le peuvent, deviendrait la norme et la présence physique en entreprise l’exception.
- L’exode urbain. Les professionnels privilégieraient des habitats en zone rurale ou dans des villes moyennes. Ainsi, toute une infrastructure professionnelle va se bâtir dans ces nouvelles zones attractives.
- La flexibilité des contrats et des relations professionnelles. Les entreprises vont, de plus en plus, recourir à des professionnels indépendants et donc au portage salarial. La sous-traitance va, ici également, devenir la norme. D’autre part, les professionnels vont rechercher des missions qui s’adaptent à leur vie familiale et sociale, avec moins de liens hiérarchiques.
- Le recours aux nouvelles technologies. Les logiciels et supports informatiques permettant d’optimiser le travail vont gagner, encore davantage, en attractivité. L’objectif ultime étant, pour un professionnel indépendant, d’être en capacité de proposer une expertise personnalisée en « masse ».