GERESO, un centre de formation continue parisien, a dévoilé sa troisième étude sur les perspectives et l’état d’esprit des salariés des ressources humaines. Celle-ci livre des informations sur la manière dont ces professionnels envisagent l’année 2023. Elle renseigne également sur leur moral après avoir vécu la crise liée au Covid-19 au cours des trois précédentes années.
GERESO a enquêté en 2022 sur le moral et les perspectives des collaborateurs des services de ressources humaines (RH) en 2023. Le centre de formation a alors sondé 468 travailleurs du 10 octobre au 25 novembre derniers. Ces employés sont rattachés à des établissements publics et à des entreprises privées, dans de nombreux domaines d’activité.
Les résultats de l'étude, qui méritent l’attention des consultants RH, viennent d’être publiés. Ils révèlent notamment que la transformation numérique du métier demeurera une question prioritaire cette année. Quatre répondants sur dix partagent cette opinion. La même proportion accorde par ailleurs une importance particulière à la question de la rémunération, en raison de l’inflation.
Quand des salariés RH ne sont pas vraiment fiers de leur métier
La crise sanitaire a fortement bousculé l’organisation au sein des entreprises comme des administrations publiques. L’enquête montre néanmoins que les responsables RH récupéreront en 2023 leurs prérogatives, avec notamment :
- La mise en place de l’activité partielle ;
- Le déploiement du travail à distance, etc.
Désormais, ils prêteront davantage attention à la gestion des compétences et des emplois. Pour 41 % d’entre eux, la formation, tout comme l’embauche, figurera cette année parmi leurs priorités. Une orientation favorisée par la prise de conscience liée aux vagues de démissions récentes et à la pénurie de main-d’œuvre.
GERESO a aussi appris que 46 % des professionnels RH ne considèrent pas le salaire comme un moteur d’engagement primordial. Toutefois, celui-ci représente une source d’insatisfaction. Ainsi, 46 % des répondants estiment être trop peu rémunérés au regard de la nette augmentation de leur charge de travail. Ce sentiment d’insatisfaction est partagé par 40 % des collaborateurs dans le secteur privé et par 60 % de ceux qui travaillent dans la sphère publique.
Le rapport indique par ailleurs que 56 % des employés des ressources humaines éprouvent de la fierté envers leur société. En revanche, le sentiment de fierté envers la fonction est absent chez 79 % de ces collaborateurs. Le manque d’épanouissement au travail touche toutes les classes d’âge dans des proportions comparables. Il est néanmoins nettement plus marqué chez les femmes. Seulement 4 % affirment être contentes de leur profession.
Il y a cependant des points positifs à relever. Ainsi, 59 % des individus questionnés ont de la reconnaissance de la part de leur hiérarchie. Approximativement trois quarts d’entre eux (76 %) perçoivent d’ailleurs celle-ci comme leur premier facteur d’engagement.
Les collaboratrices RH ayant participé à l’enquête tiennent beaucoup à :
- La valorisation auprès des autres employés (57 %) ;
- L’équilibre entre vie au bureau et vie privée (61 %).
Quant à leurs homologues masculins, respectivement 36 % et 48 % d’entre eux attachent de l’importance à ces critères.
Les jeunes interrogés affichent pour leur part davantage de sensibilité aux avantages sociaux qu’accorde leur employeur. Un trentenaire sur cinq se dit par exemple réactif à l’intéressement ou aux congés.
La charge de travail s’accroît sans cesse
De manière globale, le moral des travailleurs des ressources humaines s’est révélé moyennement bon en 2022. Les personnes sondées par GERESO y ont attribué un score de 5,4/10. Ce qui traduit en réalité :
- Une petite régression comparativement à ce qu’on observait il y a deux ans (-0,3 point) ;
- Mais une légère en comparaison à la situation de 2020 (+0,3 point).
Les employés RH ont gardé une assez bonne expérience de l’année écoulée. Une période qui a pourtant été marquée par des crises géopolitique, économique et sanitaire. Parmi eux, 58 % disent vivre « bien » voire « très bien » la situation actuelle. La majorité des salariés sondés tiennent bon même si la conjoncture du moment est susceptible de nuire à leur moral, d’autant qu’on vient à peine de sortir de la plus grave crise sanitaire de l’histoire récente. En 2022, 63 % des répondants déclaraient « vivre très bien » ou « bien » l’épisode du Covid. Le contexte semble avoir touché davantage les femmes que les hommes. Si en effet 78 % de ces derniers partagent ce sentiment, ce n’est le cas que de 57 % de leurs homologues féminines.
Ces chiffres résultent de différents facteurs, parmi lesquels l’épuisement. Ainsi, 54 % du panel affirment être exténués (-4 points par rapport à 2021). Au cours des trois dernières années, ils ont en effet dû gérer une charge de travail en constante augmentation. Une situation qui n’a nullement changé malgré le retour graduel aux conditions de travail. 62 % des professionnels RH pensent en effet avoir travaillé « plus » ou même « beaucoup » plus » par rapport à 2021.
L’intensification de la charge de travail peut s’expliquer par le déficit de talents survenu l’année dernière. C’est en tout cas un problème qui concerne plus particulièrement les collaborateurs des organisations dont l’effectif dépasse 200 employés. Plus de trois répondants sur cinq en font partie (65 %). Les DRH figurent également parmi les plus touchés (72 %).